Verniana — Jules Verne Studies / Etudes Jules Verne — Volume 2 (2009–2010) — 23–46

Brunel’s Great Eastern and the Vernian Imagination: The Writing of Une Ville flottante

Timothy Unwin

Résumé

Les navires occupent une place privilégiée dans l’œuvre de Jules Verne, et le Great Eastern, conçu et construit par Isambard Kingdom Brunel dans les années 1850, symbolise plus que tout autre vaisseau les progrès technologiques du XIXe siècle. Cet essai examine l’évocation du Great Eastern dans le roman Une Ville flottante (1870). Dans ce texte, Verne souligne la nouvelle relation qui existe entre l’homme et l’espace global qu’il habite, tout en exprimant l’enthousiasme (aussi bien que l’inquiétude) que provoque le voyage moderne. Le roman offre d’ailleurs un résumé exemplaire des techniques stylistiques de l’auteur des Voyages, et nous refusons fermement l’hypothèse selon laquelle ce texte ne serait pas de Verne. Au cours de notre analyse, nous examinons notamment la négociation et l’assimilation par l’écriture des réalités documentées, et nous soutenons qu’il ne s’agit en aucun cas d’une soi-disant transposition directe du réel dans le monde imaginaire chez Verne. Car, pour Verne comme pour Balzac, le monde n’a jamais existé à l’état non-fictif. Le réel possède au départ des propriétés magiques ou féeriques, et dans ce sens le Great Eastern fournit le site fictif par excellence. Ainsi, loin d’être un simple compte-rendu documentaire, le texte de Verne est profondément poétique et stylisé, non seulement dans sa vision d’une réalité merveilleuse, mais aussi dans son énergie et dans son exubérance verbale. Si le style extraordinaire et novateur de Verne est bien à la mesure de l’invention qu’il évoque, nous suggérons dans les dernières étapes de notre discussion que ce roman offre également une réflexion nuancée sur l’avenir de la technologie.

Texte intégral (en anglais) :